La tourbe : une composante durable des substrats de culture
Réintroduction de tourbe de mousse de sphaigne vivante dans une tourbière en cours de restauration à Rivière-du-Loup, Québec. Source : Premier Tech
Les tourbières se sont formées il y a des milliers d'années, suivant la dernière période glaciaire. Alors qu'elles évoluent, les mousses et autres débris végétaux s'accumulent lentement, formant d'épais dépôts. Au Canada, les tourbières couvrent 280 millions d'acres (113,6 millions d'hectares), ou 13 % de la superficie terrestre du pays. De ce total, moins de 74 000 acres (30 000 hectares) sont récoltés pour produire des substrats de culture, soit environ 0,03 % de la superficie totale de tourbières du pays.
Au Canada et dans plusieurs pays européens qui récoltent la tourbe de sphaigne, des lignes directrices ont été établies avec les groupes de protection et de conservation de l'environnement en ce qui a trait à la récolte et à la préservation des tourbières.
Pourquoi la tourbe de sphaigne devrait-elle être une composante durable?
La tourbe de mousse de sphaigne est une matière unique en ce sens qu'elle croît et meurt simultanément, laissant derrière ce qu'on appelle la « tourbe de sphaigne ». La tourbe de sphaigne est l'accumulation de matières organiques mortes provenant des feuilles, tiges et racines partiellement décomposées de différentes mousses et autres plantes qui se sont accumulées dans un environnement saturé d'eau et exempt d'oxygène.
Ce matériel végétal se décompose très lentement, donc la tourbe s'accumule en couches, année après année, formant un dépôt pouvant atteindre une épaisseur de 65 pieds (20 mètres). Aux endroits où la tourbe est récoltée, on retrouve des sections de la tourbière où la sphaigne continue à croître.
La tourbe capte aussi le carbone provenant de l'atmosphère. Les tourbières contiennent approximativement 30 % du carbone que l'on retrouve sur la planète. Même si seulement 0,03 % de la superficie totale des tourbières est récoltée à des fins horticoles, il est important de gérer ces sites de façon responsable afin qu'ils fassent partie de notre environnement pendant encore plusieurs générations et qu'ils continuent à capter le carbone provenant de l'atmosphère.
Quelles sont les autres fonctions des tourbières?
Les tourbières ne servent pas juste à fixer le carbone. Elles servent aussi d'habitat à une grande variété de plantes et d'animaux qui jouent un rôle important dans leur écosystème ainsi que dans la chaîne alimentaire. Les tourbières sont également composées d'eau à 90 % et agissent comme de vastes réservoirs d'eau, contribuant à la sécurité environnementale future des humains et des écosystèmes.
La Canadian Sphagnum Peat Moss Association (CSPMA), qui représente l'industrie de la tourbe, investit des millions de dollars dans une Chaire de recherche industrielle en aménagement des tourbières, laquelle travaille en collaboration avec des agences environnementales et des agents gouvernementaux, afin de développer des pratiques durables pour préserver cette précieuse ressource. Depuis 1992, ce groupe de recherche, avec à sa tête la docteure Line Rochefortde l'Université Laval, mène différents projets, incluant :
- Le développement de techniques de restauration des tourbières qui ne sont plus exploitées;
- La décolonisation naturelle des plantes après la récolte;
- La compréhension de l'hydrologie, de la géochimie et de la microbiologie des tourbières naturelles, récoltées et restaurées;
- Le développement de stratégies de conservation des tourbières;
- L'identification et établissement des populations d'arthropodes, amphibiens, oiseaux et mammifères dans les tourbières restaurées;
- L'écologie et productivité de la tourbe de mousse de sphaigne.
Toutes ces recherches ont permis de développer des techniques de récolte de la tourbe, de gestion des tourbières de façons durables et de procédures pour la fermeture et la restauration des tourbières. Ces méthodes sont utilisées et respectées à travers toute l'industrie de la tourbe, qui fait sa part pour contribuer à la viabilité à long terme de ces écosystèmes.
Par conséquent, des procédures strictes sont maintenant utilisées lors de l'ouverture d'une tourbière et de sa préparation pour la récolte. Une fois la végétation enlevée d'une tourbière vierge, la surface est exposée afin de révéler la tourbe de sphaigne vivante. Cette tourbe vivante est enlevée et relocalisée dans d'autres sections de tourbières en cours de restauration.
La tourbe de mousse de sphaigne vivante commencera à s'établir et à croître, permettant à l'écosystème de se restaurer complètement en quelques années. Une tourbière restaurée est aussi efficace qu'une tourbière naturelle pour séquestrer le carbone et accueillir les populations végétales et animales qui habitent ces écosystèmes.
Références :
- Peatlands. Do you care? 2005. Coordinating Committee for Global Action on Peatlands
- Peatland Ecology Research Group (PERG) of Université Laval http://www.gret-perg.ulaval.ca/no_cache/en/pergs-publications/?tx_centrerecherche_pi1[showUid]=6038
- Strack, M., Zuback, Y. 2013. Annual carbon balance of a peatland 10 yr following restoration. Biogeosciences, 10: 2885-2896, doi:10.5194/bg-10-2885-2013.